SPLENDEURS ET MISÈRES DES BLOGUEURS
Ou Nous sommes tous des déshonorés de Balzac
Ou Nous sommes tous des déshonorés de Balzac
L’écran du blogueur n’est pas la page blanche de l’écrivain. La page de l’écrivain est vierge et vide à la fois, même lorsque l’écrivain travaille sur ordinateur. Alors que, derrière l’écran du blogueur, parfois même dedans, ça grouille, ça se contorsionne, ça ricane ; parfois aussi ça encourage, ça flatte, ça louange ; il arrive même que ça sourie. Bref, il y a du monde, et c’est ce qui fait qu’un blogueur ne peut être écrivain, alors qu’un écrivain peut parfaitement tenir un blog si cela lui chante ; c’est injuste, mais c’est ainsi.
L’écrivain est seul, c’est ce qui fait sa grandeur, et aussi ce qui, le plus souvent, le précipite aux enfers de l’impuissance. Il est à la fois le juge unique et l’unique condamné ; il prononce la peine et l’exécute d’un même mouvement ; dans la salle d’audience déserte, il se dédouble afin de pouvoir simultanément occuper le box et siéger au bureau des juges.
Pendant ce temps, l’homme-au-blog est au centre de la piste et fait claquer le fouet du dompteur pour impressionner les adultes, affublé d’un nez rouge dans l’espoir de rameuter aussi leurs enfants ; il est en représentation. La solitude indispensable à l’écrivain, constitutive de lui-même, il l’ignore, la craint, la repousse. Le blogueur veut la foule, et surtout une foule en quelque sorte divisée contre elle-même, tel le Satan des Évangiles. Car les silhouettes sans visage qui parsèment les gradins du cirque sont ses commentateurs toujours prêts à se plier docilement à la louange ou à l’invective selon la demande qui leur est faite par le dompteur ; mais ils sont aussi des blogueurs concurrents.
Si bien que, dans un même mouvement, ils font offrande à l’homme-au-blog d’un nouveau public, tout en cherchant insidieusement à lui siphonner celui qu’il a déjà et qu’il pense avoir définitivement conquis. Ils sont ses « modèles-obstacles », au sens que René Girard donne à cette expression, ceux qui l’exhortent à se prendre pour un écrivain, et l’empêchent par là même de le devenir jamais. Double bind.
L’homme-au-blog, tournant sans fin autour de la piste, deviendra peut-être un fort habile jongleur ; s’il met assez bas le prix du ticket d’accès, il fera sans doute chapiteau comble tous les soirs. Il y aura des ris et des clameurs d’enthousiasme sous la toile, des rafales d’applaudissements et quelques huées.
Mais il ne sera jamais écrivain, même s’il devient imbattable dans l’art d’en enfiler le costume avec drôlerie et célérité. L’écrivain est condamné à avoir au moins du talent et à le découvrir seul ; l’homme-au-blog a choisi d’avoir un public : pour en assurer la pitance journalière, il ne peut rien d’autre que bidouiller de petits sketchs plus ou moins scintillants, pour faire épanouir la rate du vulgaire. Et plus il jouera à l’écrivain, plus son nez rouge se verra, grossissant comme s’allonge celui de Pinocchio, et pour la même raison exactement.
La solitude sans faille de l’écrivain risque fort de l’abattre avant terme ; la cour de l’homme-au-blog le condamne à une représentation sans fin, au cirque éternel. Et le ver rongera sa peau comme un remords.
L’écrivain est seul, c’est ce qui fait sa grandeur, et aussi ce qui, le plus souvent, le précipite aux enfers de l’impuissance. Il est à la fois le juge unique et l’unique condamné ; il prononce la peine et l’exécute d’un même mouvement ; dans la salle d’audience déserte, il se dédouble afin de pouvoir simultanément occuper le box et siéger au bureau des juges.
Pendant ce temps, l’homme-au-blog est au centre de la piste et fait claquer le fouet du dompteur pour impressionner les adultes, affublé d’un nez rouge dans l’espoir de rameuter aussi leurs enfants ; il est en représentation. La solitude indispensable à l’écrivain, constitutive de lui-même, il l’ignore, la craint, la repousse. Le blogueur veut la foule, et surtout une foule en quelque sorte divisée contre elle-même, tel le Satan des Évangiles. Car les silhouettes sans visage qui parsèment les gradins du cirque sont ses commentateurs toujours prêts à se plier docilement à la louange ou à l’invective selon la demande qui leur est faite par le dompteur ; mais ils sont aussi des blogueurs concurrents.
Si bien que, dans un même mouvement, ils font offrande à l’homme-au-blog d’un nouveau public, tout en cherchant insidieusement à lui siphonner celui qu’il a déjà et qu’il pense avoir définitivement conquis. Ils sont ses « modèles-obstacles », au sens que René Girard donne à cette expression, ceux qui l’exhortent à se prendre pour un écrivain, et l’empêchent par là même de le devenir jamais. Double bind.
L’homme-au-blog, tournant sans fin autour de la piste, deviendra peut-être un fort habile jongleur ; s’il met assez bas le prix du ticket d’accès, il fera sans doute chapiteau comble tous les soirs. Il y aura des ris et des clameurs d’enthousiasme sous la toile, des rafales d’applaudissements et quelques huées.
Mais il ne sera jamais écrivain, même s’il devient imbattable dans l’art d’en enfiler le costume avec drôlerie et célérité. L’écrivain est condamné à avoir au moins du talent et à le découvrir seul ; l’homme-au-blog a choisi d’avoir un public : pour en assurer la pitance journalière, il ne peut rien d’autre que bidouiller de petits sketchs plus ou moins scintillants, pour faire épanouir la rate du vulgaire. Et plus il jouera à l’écrivain, plus son nez rouge se verra, grossissant comme s’allonge celui de Pinocchio, et pour la même raison exactement.
La solitude sans faille de l’écrivain risque fort de l’abattre avant terme ; la cour de l’homme-au-blog le condamne à une représentation sans fin, au cirque éternel. Et le ver rongera sa peau comme un remords.
86 commentaires:
Craignant que la mise en page soit hasardeuse comme les autres fois, et n'ayant aucune possibilité de la corriger demain avant tard, je publie ce texte 12h en avance !Et le ver rongera sa peau comme un remords.
Bonne lecture !
Paf dans ta gueule.
Ah ! La solitude de l'écrivain !
...
En 22 mois de blog et 177 articles, j'ai reçu 368 commentaires. Soit :
- 2,08 comms par article
- 0,56 comm par jour...
En moyenne.
C'est vrai que je me sens porté !
"Et plus il jouera à l’écrivain, plus son nez rouge se verra, grossissant comme s’allonge celui de Pinocchio, et pour la même raison exactement"
Heu, si mon nez rougit, il y a une autre raison.
On est d'accord sur l'essentiel, le blogueur n'est pas un écrivain (quoique... il faudrait redéfinir ce qu'est un écrivain : beaucoup "d'écrivains" sont là pour vendre de la soupe... et grimper dans des classements !).
Mais l'excellent portrait de Didier ne s'applique peut être pas à tout les blogueurs, et notamment aux débutants. Quand j'ai ouvert mon blog, mon écran était bien une page blanche avec l'éternelle question : "Que vais-je pouvoir dire aujourd'hui ?". Je ne m'intéressais pas aux blogs des autres, m'en foutais de récupérer une audience, ... C'est bien après que j'ai appris à rebondir sur une dépêche AFP ou une anecdote de bistro pour pondre des machins.
C'est bien après que mon blog a commencé à être lu et avoir des commentaires.
Et c'est bien après que j'ai commencé à faire le clown au centre de la piste.
"la cour de l’homme-au-blog le condamne à une représentation sans fin, au cirque éternel". Non ! Je suppose qu'un jour, ça lasse, qu'un boulot ne me laissera plus le temps de faire mes âneries, qu'une autre passion animera mes loisirs ou que le traitement d'une cirrhose m'éloignera d'Internet pendant longtemps. Je ne serais plus un blogueur. Si cette cirrhose dégénère, après ma mise en bière, on m'oubliera, je n'aurai pas laissé de textes pour la postérité, Blogger effacera mon blog à cause de son inactivité...
Un écrivain restera un écrivain.
Et je ne cherche qu'à être lu par quelques dizaines ou centaines de types, pas pour assurer ma pitance, pour "jouer". C'est l'écrivain qui a besoin de lecteurs pour assurer sa vraie pitance.
Oups ! J'ai été trop long. Je résume : tout porte sur la définition de l'écrivain. Je connais des types qui ont décidé qu'ils gagneraient leur vie en écrivant des bouquins. Ils se disent écrivains. Alors que moi, avant d'arriver à cette putain de première place du machin, j'ai bossé pendant trois ans... sans que ça en soit le but et sans que ne j'ose jamais l'espérer, plutôt le craindre.
Oups ! Encore trop long. C'est amusant que ce texte de Didier, probablement écrit en juin, tombe maintenant, deux ou trois jours après que j'échoue au sommet d'une estrade, au centre de la piste.
Et le verre rongera sa peau comme un remords ...
(la phrase originale est une belle sentence de conclusion, dommage qu'elle ne veuille pas dire grand chose)
Sur le fond, la description est drôle, parce qu'assez juste.
Maintenant, il y a aussi des écrivains à gros nez rouge, je ne crois pas qu'on puisse mettre une frontière claire et fixe entre le clown et l'Ecrivain.
On dit que la moitié des gens écrit et l'autre peint : je ne crois pas non plus que tout le monde veut accéder au professionnalisme. C'est juste une façon de chercher à s'améliorer, à communiquer, ou à simplement une façon de s'amuser, se divertir, au sens Pascalien du terme.
Pour la plupart des blogueurs, ils ont un métier non ? Ou tout au moins, ils soustraient 8 heures de leur journée et bien plus d'heures en termes d'énergie, à ne pas écrire.
Donc nez rouge ou pas, ça n'en est pas moins estimable que des écrits vains de professionnel de l'écriture.
Mais peut être, comme souvent, ça se résume au regard que l'on porte sur l'Autre, que DG porte sur les Autres, et probablement sur lui-même, sans beaucop de bienveillance.
(je dis ça avec un sourire gentil, je ne suis pas dans la polémique).
Zoridae, quand vous repasserez par ici, j'aimerais beaucoup que vous mettiez "Double bind" en italiques...
Le vieux con maniaque
(Maniaque mais plein de gratitude : merci de l'honneur !)
Nef : afin de neutraliser votre langue de vipère, je précise qu'il s'agit, dans mon esprit, d'un autoportrait plus qu'autre chose...
Nicolas et Audine : les divergences que vous exprimez, chacun à sa manière, vient de ce qu'il faudrait, pour éventuellement les aplanir, se mettre au préalable d'accord sur ce qu'on entend par "écrivain", les uns et les autres. Le terme est, dans mon esprit, terriblement restrictif. Et si je suis, en effet, un "professionnel de l'écriture", je mesure parfaitement la distance - sans doute infranchissable - qui me sépare de l'écrivain tel que je le conçoit.
Audine toute seule : le vers de Baudelaire tombe en effet un peu comme un cheveu sur la soupe. Mais Baudelaire n'est-il pas partout chez lui ? (Pirouette assez malhabile...)
"...tel que je le conçoiS."
En tout cas, s'il est une chose particulièrement vraie, c'est que l'exercice blog a divers degrés d'importance en fonction de l'individu.
Bien souvent, je suis supris par les polémiques qui enflent ici et là sur la qualité de la blogosphère. Or, comparer le blogueur à l'écrivain, c'est à peu près comme si l'on cherchait à comparer le tailleur de pierre et le sculpteur ; ça n'a pas de sens. Ne raisonner qu'à travers ce spectre particulièrement étriqué conduit à représenter soi-même tout ce que l'on déteste.
Je résume : en stigmatisant les tares ou les défauts de ce petit hobby, "l'auteur" démontre qu'il n'est justement que cela : un blogueur. Ceux-là (je ne parle pas pour vous Didier ; je dis ça histoire que ce soit bien clair) pourtant disposent bien souvent de quoi dépasser la fonction mais ils retournent sans cesse l'arme contre eux-mêmes, referment sur eux la grille de leur propre prison.
Je comprends et accepte le texte précisément parce que je comprends qu'y est exprimé (enfin, en sous-texte) une certaine définition de l'écrivain. Pulbier n'est pas la règle. Ecrire n'est pas la règle. Il faut véritablement percer la chair de l'écriture pour être écrivain, pas simplement raconter une histoire ou passer dans des émissions dites littéraires ; de la même façon qu'un type qui joue d'un instrument (même bien) n'est pas forcément un musicien.
Mais c'est quand même complexe...
En même temps, quand je lis Balmeyer (ou d'autres que je ne cite pas mais qui se comptent sur les doigts d'une main ; je dis Balmeyer, parce que c'est "paltoquet"), par exemple, malgré qu'il soit un blogueur qui blogue, j'ai beaucoup de mal à ne pas me dire qu'on n'a pas affaire à un auteur dans son sens le plus strict.
A l'inverse, je connais des "publiés" qui ne sont que des blogueurs.
(mais je suis d'accord, rares sont les exceptions ; elles confirment donc la règle)
langue de vipère ? Et c'est un troll autoproclamé qui me dit ça ? En plus je trouve votre texte très juste. Ça me stresse même..
D'un côté l'écrivain sur son petit piedestal de solitude et de l'autre le blogueur en piste de cirque, le nez rouge à la face.
Voilà deux archétypes imposés mais non définis.
Il y a un tas d'écrivains à prothèse nasale et de carnetiers volontairement isolés...
Je ne suis pas sûr qu'on puisse aussi nettement trancher entre ces deux catégories. Il s'agit sans doute d'exprimer de l'admiration pour quelques auteurs papiers qu'on ne retrouve pas encore pour les teneurs de blogs...
Cela dit, tout cela est bel et bien écrit par un blogueur sur le blog d'une autre...
Tiens ! Je n'étais pas abonné aux commentaiers, ici.
Didier,
Pour faire suite à votre commentaire de 8h50 (que je viens de lire), en fait, j'en ai refais un billet sur PLR (je n'aime pas faire des longs commentaires, je trouve que c'est du gaspillage !).
On est d'accord : tout vient de ce qu'on met derrière le mot "écrivain".
Oups. Cette fois, je m'abonne.
Que de commentaires fournis et appliqués voire composés, on ne rigole pas avec le texte d'un écrivain-blogueur :))
J'opine à cela : "et fait claquer le fouet du dompteur pour impressionner les adultes". Dompteur et fauve à la fois, en fait ; c'est dans cet esprit que je cite Epictète en bas de mon blog : "Nous sommes des lions dans notre auditoire, et des singes dans le public."
Pour le reste je rejoins monsieur Poireau. A part pouvoir dire à peu près ce qu'un écrivain (dans sa dimension artistique) n'est pas, je ne suis pas toujours sûre de savoir prédéfinir ce que c'est. Je le reconnais après coup, lorsque son texte m'a menée par le bout du nez ou traînée par l'oreille (mais pas par les cheveux) et que je sors de ma lecture sans retrouver tout à fait mes repères d'avant dans le monde hors-texte.
je lis la note je me dis "bon sang mais c'est bien sûr je suis bien d'accord ah ça ce groux il sait analyser quand même quelle pertinence".
puis les commentaires, de qualité également, me font nuancer (qu'est-ce qu'un écrivain, j'aurais tendance à penser comme groux et d'autres, qu'il ne suffit pas d'être publié pour y prétendre et loin de là) et je me dis "ah ça ils savent nuancer ces commentateurs"
bref, quand les blogs c'est ça, moi je suis un blogueur et content de l'être.
Vous en avez lu que 20 % ?
D'accord à 80 % avec le premier commentaire de Dorham.
une faute de frappe m'a fait écrire "groux" au lieu de "goux" je vous prie de bien vouloir m'en excuser.
Cher Spemy, vous êtes tout excusé...
Ah ayé, on remet le couvert.
je n'ai rien à dire de spécial sur le sujet qui m'a déjà fatiguée en d'autres temps.
Juste que je ne pense pas qu'on puisse parler d'écrivain.
D'ailleurs, c'est quoi, qui un écrivain?
Enfin, j'ai vraiment aimé le texte en lui-même.
Allez hop, voilà.
Maintenant, il faut aller vendanger, le raisin n'attend pas, lui.
j'en profite, monsieur Goux, pour ici vous demander conseil : je souhaiterais aborder l'oeuvre de Renaud Camus et j'aimerais débuter par l'ouvrage que vous me conseillerez en tant que fin connaisseur.
Je remarque personne n'a dit de connerie : "et le ver rongera sa peau comme un remord" est-ce parce qu'à force d'être assis devant son ordinateur, le bloggeur attrape des escarres au fondement ?
Voilà l'honneur est sauf.
Cher Spermy : c'est une question délicate, Camus ayant abordé, dans son oeuvre surabondante des genres très différents. Or, je ne connais pas vos goûts... Essayons d'être méthodiques, donc.
I) Si vous êtes amateurs de journaux littéraires, celui de Camus est, à mon avis, remarquable, très savoureux. Dans ce cas, commencer par le dernier volume paru me semble judicieux (Corée l'absente, journal 2004).
II) le Camus "moraliste" (pour faire bref) est au moins aussi intéressant. Ainsi que le spécialiste, l'amoureux de la langue française. Dans ce champ :
- Répertoire des délicatesses de la langue française
- Éloge du paraître
- Notes sur les manières du temps
- Esthétique de la solitude
Sinon, de petits textes purement littéraires, appelés "Elégies". Notamment :
- Vie du chien Horla
- Elégie pour quelques-uns
Personnellement, je ne suis pas fou des "romans" ni encore moins des "Eglogues". Mais, encore une fois, c'est affaire de goût.
Sinon, vous trouverez à cette adresse, le site de Camus. Vous pourrez y lire (gratuitement !) son Département du Gers et surtout ses Vaisseaux brûlés, hyper-livre sans cesse enrichi et conçu spécialement pour
le Net.
D'autre part, vous trouverez, à cette autre adresse, la liste de tous ses livres avec, souvent, des discussions de ses lecteurs, concernant les titres sur lesquels vous cliquez.
Sinon, n'hésitez pas à m'en reparler... mais plutôt chez moi !
Toutes mes excuses à Madame Zoridae pour ce squat intempestif...
Tout ce qui a été dit ici, à commencer par le texte est passionnant. Dorham a raison de souligner la difficulté, voire l'impossibilité de la comparaison entre blog et écriture, mais j'ai du mal à adhérer au flou de sa définition de l'écrivain. Précisément parce que je crois que publier est la règle et que la solitude d'un discours doit déboucher sur la rencontre d'un public, grand ou petit peu importe, pour devenir une œuvre. L'épreuve de la publication ou de la non publication est loin d'être négligeable pour reconnaître un écrivain, même si de rares exemples pourraient être cités pour l'infirmer. L'écriture est multiple et avant d'atteindre une valeur par le talent, le don, la profondeur, ce que l'on voudra, elle est un travail austère que l'envie de s'exprimer, le goût de se raconter ne suffit pas à maîtriser. Par contre, il me semble qu'il est trop tôt pour savoir ce qu'il adviendra des blogs. J'ai souvent l'impression que nous en serons pour longtemps encore à explorer les territoires d'une espèce de far-west. Un billet de blog s'apparente peut-être davantage à un numéro public de cirque qu'à la quête de sens solitaire, ou l'accomplissement d'un travail d'écriture —page d'une œuvre, ce qui change tout. Mais il y a alors quelque chose de fascinant dans l'exhibition du blogueur : c'est que garçon de piste ou trapéziste, chacun participe à l'éclosion d'une discipline aux contours encore inconnus. Est-ce que l'écrivain peut y être entendu d'un public rendu à l'état de nature? Enfin j'ai aussi l'impression que des tempéraments s'y révèlent, spontanément en adéquation avec le web et son public, comme Nicolas et d'autres, dont la maîtrise n'a déjà plus rien à voir avec de l'amateurisme.
"L’écrivain est seul, c’est ce qui fait sa grandeur, et aussi ce qui, le plus souvent, le précipite aux enfers de l’impuissance"
les enfers de l'impuissance! bigre
puis-je me permettre de conseiller à cet écrivain là, qui se désespère devant sa page blanche, que nul autre que lui même ne le contraint à écrire?
au fait, pourquoi écrit-il l'écrivain?
parce qu'il estime que ce qu'il a dire mérite d'être lu par tous?
parce que d'autres le lui ont dit? ou fait croire?
pour gagner quelque argent?
pour atteindre la gloire?
vanité, suffisance, intérêt.
on me rétorquera peut-être que l'écrivain se sent habité par un souffle qui le dépasse, auquel il ne peut résister, écrire serait alors sa mission sur terre...
bof!!!
"L’écrivain est condamné à avoir au moins du talent et à le découvrir seul ;"
et le mineur chinois est condamné à creuser la terre
la caissière à sentir ses jambes s'ankyloser
le sans abri à dormir sur un trottoir!
que de grandiloquence pour séparer "le bon grain de l'ivraie"
l'écrivain, sa grandeur, du blogueur, le clown
l'artiste de la plume du scribouillard qui se laisse flatter par quelques commentaires.
dans la publication actuelle il arrive certes de découvrir des ouvrages extraordinaires qui émeuvent, qui enseignent, qui distraient.
mais combien?
quel pourcentage?
faut-il être un écrivain pour raconter en long en large et en travers une histoire d'amour à la mords moi le noeud avec un chanteur sans talent?
le blogueur, écrit ce qu'il veut et sans attente financière directe.
certains espèrent peut-être attirer l'œil d'un éditeur, d'autres se mettent des petites pubs...gouttes d'eau
le blogueur écrit pour communiquer, partager, rencontrer, s'amuser
si tel n'est pas le cas il se lasse vite.
le blogueur écrit pour diffuser des idées qu'il pense justes ou sur les quelles il a envie de réfléchir et que sans le blog il ne pourrait partager qu'avec ses proches ou collègues.
le blogueur, si l'etat (les états) ne lui coupe pas les ailes en légiférant a l'avenir devant lui.
il est libre
l'écrivain non, qui doit vendre sa soupe.
et par les temps qui courent pour être achetée la soupe devra vraiment être délicieuse
et c'est lui, l'écrivain, qui devient un clown, j'en veux pour preuve le ridicule achevé dont font preuve deux d'entre eux, et non des moindres, en publiant un recueil de leur correspondance intitulé " Ennemis publics"
mwarf!
j'en ris encore
Le coucou,
elle est floue parce que je ne l'ai pas vraiment définie, c'est vrai.
Je prends un exemple. John Kennedy O'Toole n'a pas vraiment publié de son vivant. Si l'on n'avait jamais trouvé ses manuscrits nulle part, si sa mère après sa mort, ne s'était pas bougée pour envoyer son manuscrit (très à propos dans le contexte actuel, intitulé : "la conjuration des imbéciles), personne n'aurait jamais rien lu.
Il aurait été néanmoins manifeste que ce type fut et a vécu, comme un écrivain (et un très grand à mon avis).
La publication est importante, sans doute, la lecture est importante, mais elles le sont moins que l'écriture, qui est la source, une source que l'on ne peut, peut-être, jamais découvrir, mais qui n'en est pas moins ce qu'elle est par essence.
A l'inverse, un type comme Alexandre Jardin publie des livres, mais il n'est pas écrivains
(j'en conviens, tout cela est un peu gros comme comparaison)...
en conclusion (j'ai été interrompue je n'ai pas eu le temps de l'écrire dans mon pourtant interminable com)
dans la mesure où il écrit le blogueur est un écrivain
zoridae, par exemple, est non seulement un écrivain (une écrivaine), mais un(e) écrivain(e) talentueux(se) qui sans l'existence des blogs, je n'aurais jamais lu(e)
Ah, et par curiosité, Didier, j'aimerais bien que vous m'expliquiez les 20 % restants avec lesquels vous vous déclarez en désaccord...
Le blog d'un écrivain n'est jamais que la partie visible d'un iceberg. Le blog d'un blogueur est comme la glace sur un étang : rien dessous que de la flotte.
N'ayant jamais publié de livres, je ne suis pas connu. Tenant un blog littéraire, je commence à être un peu connu, si bien que certains me prennent pour un blogueur se piquant de littérature. Or, j'écris depuis 1984 et j'ai appris mon métier à l'ancienne, avec du papier, de l'encre, un chat sur les genoux, des nuits et de la solitude à en friser l'isolement. Je ne me prends donc pas pour un écrivain, puisque j'en suis un. Et à ce propos, j'ai refusé récemment une pourtant alléchante proposition d'interview pour un important journal. La raison ? C'était dans le cadre d'une rubrique « blogs ».
Céleste, vous dites : «au fait, pourquoi écrit-il l'écrivain?
parce qu'il estime que ce qu'il a dire mérite d'être lu par tous?
parce que d'autres le lui ont dit? ou fait croire?
pour gagner quelque argent?
pour atteindre la gloire?
vanité, suffisance, intérêt.»
quelquefois l'écrivain a écrit pour grandir dans son coin, d'abord pour lui-même, puis en se tournant vers un possible public de lecteurs parce qu'ayant appris à écrire comme d'autres à scier droit et raboter, il se pourrait que son travail intéresse la société autant ou presque autant que la table d'un menuisier. Il devient auteur publié quand un éditeur éprouve le minimum d'intérêt et de confiance dans son boulot pour risquer de l'argent dans un livre. Il retire de la publication une satisfaction intime et parfois un sentiment d'être en définitive utile à quelque chose, et, comme il a passé du temps à travailler, il trouve naturel de recevoir de l'argent en échange. Sa vanité, sa suffisance, son intérêt ressemblent comme deux gouttes d'eau aux petits travers d'une caissière, pour peu qu'on veuille bien les reconnaître. Alors bien sûr, la gloire peu enfler orgueil et ambition jusqu'à susciter l'écœurement, mais cela ne concerne qu'une infime minorité de personnes.
Ce que vous dites, Dorham, est assez juste, mais l'exception ne suffit pas à récuser "l'épreuve du feu" que constitue la quête d'un éditeur et la conquête d'un public. De toute façon l'écriture sur le web me semble vraiment échapper à toutes nos anciennes références, comme le démontre Yanka…
PS. Je ne suis pas encore assez familier des blogs pour savoir s'il est bienvenu de s'adresser à d'autres commentateurs… Si ce n'est pas le cas, désolé! Supprimez…
D'accord avec vous, Le Coucou, sur "l'épreuve du feu". Il y a un coté complètement inachevé si on passe à coté.
Je me permets de rebondir sur la question de la vanité. Comment imaginer qu'un écrivain ne soit pas vaniteux, prétentieux, sûr de sa force et de son talent, sûr d'avoir quelque chose qui n'ait pas été dit, ou tout du moins qui n'ait pas été dit de "cette façon" ?
Et comment le lui reprocher. Quand un grand écrivain balaie ses congénères (que l'on respecte, nous, lecteurs) je suis toujours impressionné. Bien entendu, lorsque l'on est un auteur un minimum reconnu, on peut se le permettre plus facilement.
Je crois que l'écrivain sait ce qu'il vaut, il vit avec ses doutes et la publication, (vous avez raison, Le Coucou, je m'en rends compte à l'instant) le réalise, lui permet d'exploser, de devenir l'écrivain qu'il souhaite.
Aussi, la prétention est à mon avis une qualité essentielle. Sans elle, toute écriture ne peut exister, ne peut se cimenter. C'est perdu d'avance, c'est incertain, diffus, indéfini, vague ; ce n'est plus l'oeuvre d'un écrivain, mais une tentative d'écriture.
Il n'y a finalement guère que les "impuissants" qui ne peuvent comprendre cela (cela et la volonté de réalisation d'un écrivain, en dépit de la posture ridicule que cela lui impose parfois)...
Excellent texte. Avec les "mères" de Zoridae, puis sans doute, à venir, la "vanité de la musique" par Dorham, la "vacuité du football" par un blogueur sportif et "l'illusion du sexe" par un érotique, on aura totalement envie de se pendre. (smiley !!)
Plus sérieusement, qu'ajouter de pertinent ? Je pourrais renchérir , je pourrais faire un commentaire vibrant sur l’humilité du blogueur, sa modestie émouvante, patati patata. Mais vous parlez de Girard, et comme vous me l’avez inoculé, je vous refourgue ma réflexion du moment, empreinte de cette lecture.
Dans les blogs, et surtout littéraires, il y a théoriquement de quoi s’entretuer. Le blog est l’outil démocratisé à l’extrême, tout le monde peut bloguer, il n’y a pas comme chez le confrère en papier cette architecture paisible : d’un côté le lecteur, et de l’autre l’édité. Dans le blog il n’y a que des auteurs ne représentant qu’eux mêmes.
On baigne, dans ce marécage, à fond dans la médiation interne. Votre horizon est le blogueur d’en face. Vous êtes obsédé par le désir d’être l’autre, tout en devenant unique, et il est vital de se distinguer, de s’extraire du commun, nait alors « la jalousie, l’envie et la haine impuissante ». Il raillera chez autrui son propre désir métaphysique, et toute les marques de ses aspirations, son intellectualisme, sa préciosité, sa prise de parole jugée péremptoire. Conscient de sa condition misérable, le blogueur éprouve en fin de compte la « haine de soi ».
Ce cocktail est explosif aussi par la particularité bien française des Lettres : l’auteur est mythifié, il fait parti de l’élite, l’Académie, occupe une place sociale à part, et se produit un hiatus : la littérature est sacrée, mais il n’a jamais été aussi profane d’écrire. Dans cette hystérique égalité on ne doit pas s’étonner du bruit que provoquent de vagues outils, comme Wikio, pour fixer arbitrairement un semblant « d’ordre ». Ces gadgets, on les honnit, ou on les honore.
Et au final, au cœur de cette folie, l’objet, l’écriture, a complètement disparu, il ne reste que les blogueurs qui se blogowarent en chien de faïence.
Je pourrais, en apparence, aggraver mon cas en disant que mon modèle n’est pas le blogueur, mais carrément, mettons, Flaubert. N’est-ce pas le comble de la prétention ?
Non. Avoir pour modèle Flaubert, ou plus généralement une idée stratosphérique de la chose, nous place, Didier, dans la médiation externe. Le modèle est inaccessible, il est impossible à atteindre. On est, et vous l’avez déjà rappelé, comme le Don Quichotte imitant Amadis de Gaule, sachant qu’il ne pourra jamais s’y substituer. A cette occasion, bien sûr, des quiproquos comiques se produisent : nous prenons des moulins pour des géants, et nous coiffons grotesquement le « plat à barbe […] qui est, fut et sera l’armet de Mambrin ».
Mais cette imitation, si elle est comique, se fait hors de la « vanité triste ». Elle est sans haine, sans but, sans enjeu. C’est comme en matière de religion : pour le croyant, le modèle inaccessible qu’est le Christ lui donne envie de partager, et non de le remplacer ou le détruire.
Tout ceci m’explique ce que j’éprouve au sujet du blog, un sentiment serein, à la limite du détachement. Mettons Dorham : ce blogueur là, comme d’autres, est une sorte de double. Je serais sensé, s’il était mon modèle, le haïr de toute mes forces. Pourtant, nos relations sont fraternelles. Nous nous sentons comme membres d’un même temple, enfin, pour faire donquichottesque, d’un moulin déguisé en temple. Ceci explique aussi, je le dis sans vergogne, cette indifférente bienveillance qui a des accents, j’en suis conscient, de catéchisme.
Ma conclusion est une évidence embarrassante, si l’on est honnête : la valeur d’un texte seule permet de répondre à la question outrée « blog et écriture », qu’importe le support, blog, papier-cul, le reste, 95% du reste du débat, est de l’ordre du salon, du snobisme, de la mondanité.
Je vais tout de suite balancer... Balmeyer a mis l'après-midi à pondre ce commentaire...
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Il est néanmoins particulièrement juste et intelligent...
bravo, ça méritait d'attendre :)
Je retire ce que je viens de dire sur Dorham, cet odieux baratineur qui m'a niqué à wikio !!!!!!!
Il fait des commentaires trop longs. Ca me rappelle quelqu'un.
Allez,
.
Tu peux faire pire, Bal... argh, grrr (trépignements) !!!!!!!!
Je rentre chez moi, je prends une bière (ou deux) et je reviens lire...
Oui, il manque au blogueur une instance de légitimation très forte (Académie française, Nobel... ou tout simplement l'approbation béate des bien pensants). Et ce qui se jette sur un blog n'a pas assez été pesé pour mériter le nom d'œuvre littéraire.
Un écrivain c'est autre chose, mais comme aujourd'hui il y a très peu d'écrivains dignes de ce nom...
J'ai bien aimé le texte de Didier Goux avec lequel je sais qu'il est lui-même en total désaccord. A 120% d'accord avec Dorham jusqu'à la fin de semaine, la promo s'arrête.
Nef et Ai avancent des arguments imparables. Zoridae nous montre à quel point le travail de l'éditeur est important. Un dialogue qui permet peut-être d'aider certains à accoucher.
Merci à vous Didier pour ce texte qui m'a fait le même effet qu'à Nef et que je trouve, beau, fort et troublant.
Merci à tous les commentaires qui l'enrichissent encore et sont sources d'une réflexion qui ne s'arrêtera pas ce soir.
Bienvenue à ceux que je n'avais pas encore lu ici : Melina, Yanka, Al,Balmeyer...
Merci à Mtislav spécialement :))pour son commentaire généreux !
J'ajoute que je suis très fière de cette chronique "blogs et..." et de "mes" chroniqueurs.
N'hésitez pas à me contacter si vous souhaitez en être, je vous attribuerai un thème (au fait Dorham ? et Marc si tu passes par là ?)
Oui, ben, j'y travaille, hein... arrête de me mettre la pression, je somatise mon texte...
Bon, il est un peu tard... J'ai le choix entre essayer de répondre intelligemment (qu'est-ce qu'on rigole, non ?) à tout le monde, ou bien aller reprendre une bière au salon, en écoutant l'opus 111 joué par Arturo Benedetti Michelangeli (on n'est pas plus snob...) : je choisis la seconde option (à cause de la bière, évidemment).
Il n'empêche : je me sens absurdement fier d'avoir susciter autant, et se copieux et de si intelligents commentaires (nulle ironie ici). C'est pour cela que je ne commente pas, en tout cas ce soir : à l'exception de Céleste qui me semble assez sotte (en tout cas ici et maintenant : bénéfice du doute), j'aurais des choses nombreuses à dire à M. Coucou, à Dorham (évidemment), à Balmeyer, dont le commentaire m'épate et me réjouis, à Mtislav à qui je n'ai encore jamais parlé mais qui me donne des fourmis au bout des doigts, notamment par sa réflexion d'ouverture, qui est ce qu'on a dit de plus juste sur mon petit exercice.
Enfin, bon : il est possible que je revienne demain, mais rien n'est moins sûr. Ce n'est plus un commentaire, qu'il y faudrait, mais un véritable examen de conscience, dix fois long comme le texte d'origine, et bien probablement plus pénible à mettre au jour.
Je crois que, une fois de plus, je vais me défiler...
Merci à tous, néanmoins.
mtislav : "Nef et Ai avancent des arguments imparables. ", je vois qu'on ne se mouille pas.
Pour une fois que je prends sur moi de ne pas me répandre en commentaires long et oiseux, mais terriblement intelligents car citant force d'auteurs.
Il faut bien que quelqu'un se dévoue pour jouer le rôle du comique et détendre l'atmosphère.
(merdreuh, c'est pas ma faute si je suis le steevy de cette bande de joyeux drilles, je fais des efforts ! )
Dorham,
Tu somatises ton texte ? Raconte !
Didier,
Dites donc, dans le contrat il y avait écrit que vous deviez répondre à tous les commentaires !
Alors buvez votre bière et demain... Au boulot !
(Et si vous voulez refaire un autre billet, pas de problème comme dirait le plombier !)
Nef,
Remballe Steevy, il m'agace.
Toi je te verrais plutôt comme Mercredi dans la Famille Adams !
Ben, non, rien, les quelques textes publiées ici sont très bons et...voilà quoi, ça donne pas très envie de présenter le sien... :(
Dorham,
Tu es un vaillant combattant, mets leur une raclée !
Je suis pas le seul (c'est le jour des balances), Balmeyer flippe aussi comme un malade :)))
Blog et âme quoi ! pourquoi j'ai pris ça ?
Qui est le prochain ?
Dorham,
Ne te plains pas, Bal bosse sur Blogs et géraniums. LA prochaine est Nef. Tu parais dans 2 semaines normalement...
Mercredi ? oh Merci (c'est qui Fétide ? )
Dorham, le prochain c'est moi.
Juste après Didier Goux.
Je vais avoir l'air fin.
Dorham,
(Nos coms se sont croisés)
Je lui demande, il me dit que c'est vrai...
Mais ce soir nous avons discuté, et il a une piste prometteuse !
tant mieux tiens, cette après ce pauvre balmeyer faisait pipi de trouille plein mon gtalk (bon, moi aussi)
Mais ils l'a cherché, ce sujet, après tout.
je viens de trouver une différence entre un blog et un livre.
Un livre, même en écrivant tout petit, il n'y aurait jamais assez de place pour coller autant de commentaires à la fin.
je vais me coucher.
Je rentre chez moi et je REFUSE de lire tous les commentaires.
Nicolas,
Au boulot !
Nef : "c'est pas ma faute si je suis le steevy de cette bande".
J'aurais plutôt dit la Loana, mais bon.
Dorham : oui, j'aimerais bien un mot d'excuse de ma maman... :((
sneurfl... d'ailleurs j'ai le nez qui coule. (lol).
balmeyer : wouaaah , arrête, tu me flattes, Loana c'est un écrivain et tout, elle a sortit son autobiographie quand même !
(et là, Didier Goux me saisit par la gorge et secoue très fort)
Je reviens cet aprème : là, j'ai visite médicale pour récupérer mon permis...
Ca s'arrose !
Votre billet est remarquable, Zoridae.
Pas seulement pas sa qualité d'écriture, mais aussi par sa justesse de propos.
Etant - sans doute par masochisme -à la fois blogueur et auteur de choses écrites en papier, j'y ai retrouvé, avec un petit pincement de coeur, les dilemmes et troubles de l'âme auxquels je suis quotidiennement confronté.
En vous lisant, j'ai eu l'étrange impression que vous décriviez à ma place les étranges pensées qui m'envahissent devant l'écran vide. Il faudrait sans doute un PC pour bloguer et un autre PC pour autorer, afin d'éviter toute schizophrénie.
Je suis d'accord avec Georges F, chère Zoridae : votre billet est remarquable...
Didier, vous êtes un peu le Cyrano du blog...
ptdr !!!
(oh, on s'en fout qui c'est l'auteur, l'important, c'est pas qui, mais quoi, non ?)
Y a des grandes oeuvres anonymes, hein !
C'est amusant ce blog : il fait toujours ses meilleurs billets les mercredis.
Non, rien : c'était juste pour faire le 69...
Je suis désolé pour Didier Goux, pour Zoridae aussi. J'avais pourtant bien lu le texte, mais pas le préambule. La prochaine fois, je lirai tout avant d'ambuler.
Mais c'est quand même un billet remarquable. Un peu moins, quand même, car j'en trouvais l'analyse subtilement féminine.
Georges,Nicolas, Didier,
C'est malin, maintenant je pleure !
Mais pourquoi elle pleure, celle-là ? Balmeyer, arrêtez de la faire boire, merde !
Didier, comment pensez-vous qu'on fait des kékés ?
Oui, comment ? Raconte nous.
Ben, euh... on la fait boire... et après, euh... elle dit : mais je suis pas un peu ballonné ? etc.
Je reviens pour préciser ma pensée, mon com précédent était un peu abrupt.
Et puis Le Clézio vient d’avoir le prix Nobel ce qui donne un excellent point de départ.
Je ne suis en rien fanatique des distributions de récompenses, mais je suis heureuse de ce coup de projecteur international sur Le Clézio.
Un écrivain
Un humaniste
Un mec bien
Peut-être connaît-il lui aussi des difficultés devant une page blanche mais il ne nous le dit pas, il nous raconte bien autre chose.
Non pas concentré sur ses propres émotions mais ouvert sur les autres, créant ces personnages émouvants, universels, qui nous emportent sur leurs traces dans des pays lointains.
Je l’entendais hier citer le paradoxe de l'écrivain, de Stig Dagerman : « C'est qu'il devrait écrire pour des gens qui meurent de faim, et en réalité, il écrit pour des gens qui ont bien à manger, et c'est le paradoxe dont il n'arrive pas à se remettre. »
Un écrivain engagé dans l’humain mais qui ne se pose pas pour autant en héros incompris de la littérature.
Mais pour un écrivain publié et diffusé de la trempe de Le Clézio, combien de scribouillards prétentieux, de gratte papiers insignifiants, qui ne sont pas même capables de dissimuler habilement la vacuité de leur pensée ?
Il en est de même sur les blogs, certains écrivent n’importe quoi n’importe comment.
D’autres n’ont aucune prétention littéraire, leur objectif étant de diffuser des infos.
Et puis il y a ceux qui ont du talent et le goût de l’écriture.
Zoridae, Balmeyer, Dorham, pour ne citer qu’eux, sont des écrivains.
Les textes qu’ils nous proposent généreusement sur leurs blogs sont construits, pensés, "mitonnés".
Pour cela il faut du temps, de la concentration, de l’inspiration.
Alors pourquoi ne mériteraient-ils pas d’être considérés comme des écrivains ?
Pourquoi ne se considéreraient-ils pas eux-mêmes comme des écrivains ?
Aujourd’hui, pour un auteur inconnu, les possibilités d’être édité sont extrêmement faibles.
Et lorsque qu’un jeune éditeur (Filaplomb) se lance avec passion et courage dans l’aventure, les journalistes l’ignorent, réservant leurs attentions aux grosses machines éditoriales et aux auteurs, toujours les mêmes qu’ils sont choisi de porter aux nues.
Internet, par le biais des blogs, ouvre un nouvel et extraordinaire espace de création littéraire.
Formaté différemment certes.
Au détour de mes flâneries « bloguesques » je lis souvent des textes remarquables,bouleversants, authentiques, humains.
Des écrits qui sont des cadeaux.
Et qui, sans Internet resteraient lettres mortes.
Si nous, les bloggeurs, sommes les premiers à dénigrer le support sur lequel nous pouvons enfin nous exprimer librement et être lus, comment ne pas imaginer ce qu’en diront ceux qui voudraient bien nous en priver (ou tout au moins contrôler nos écrits) ?
"fouiller au plus tragique, au plus vrai, pour trouver le langage déchirant qui soulève les émotions..." Le Clézio
Céleste,
si je peux me permettre, Didier ne dit pas qu'un écrivain ne puisse pas être blogueur, ou en tout cas, il exprime l'idée que si certains écrivains ont un blog, le blogueur lui, ne deviendra jamais écrivain.
C'est une vue de l'esprit mais elle est intéressante, car elle dit à mon sens qu'être écrivain, c'est un état, un état qui précède la réalisation. Avant même d'avoir écrit une ligne, l'écrivain "est" !
J'aime cette idée pour ma part parce qu'elle part d'un absolu et il ne me semble pas possible en fait de procéder autrement, pour définir quoi que ce soit.
De la même façon, il y a des blogueurs qui publient, mais qui ne seront jamais des écrivains ; qui resteront finalement de simples blogueurs. Je sens pour ma part que cette idée est incertaine, floue, encore indécise et je tourne autour depuis pas mal de temps ; elle demande encore une étincelle, pour la faire basculer du bon coté.
(si Didier voulait bien arrêter de fainéanter et venir apporter son écot, pour infirmer ou confirmer ; CE SERAIT BIEN !!!!!!!!!!!!)
(aucune parole :))
@Dorham
"il exprime l'idée que si certains écrivains ont un blog, le blogueur lui, ne deviendra jamais écrivain."
c'est bien là-dessus que je bloque
"car elle dit à mon sens qu'être écrivain, c'est un état, un état qui précède la réalisation. Avant même d'avoir écrit une ligne, l'écrivain "est" !"
ok, l'écrivain "est"
et justement, sa première réalisation peut être sur un blog;
le blog peut lui donner l'occasion d'écrire et d'être lu.
le blog n'est qu'un support
mais il peut être un déclencheur.
pour moi la démarche créatrice est la même.
je n'écris pas sur le blog pour flatter les lecteurs qui passent, j'écris parce que j'en ai le désir.
si mes écrits plaisent, tant mieux, je ne boude pas mon contentement, s'ils ne plaisent pas tant pis!
je n'ai pas besoin de l'approbation de la foule, mais j'aime partager les émotions, les découvertes, les infos, les pleurs ou les rires.
par contre je trouve cruel, frustrant, de se faire refuser un manuscrit que l'on a ciselé amoureusement, qui est une part de soi-même, par des maisons d'éditions qui peut-être ne l'ont pas lu.
n'étant pas torturée de nature, je raisonne simplement en fonction du plaisir que j'éprouve à faire les choses.
Du plaisir, le blog m'en donne et je suis convaincue qu'en libérant et diffusant leurs paroles il en donne à beaucoup d'autres que moi.
donc, encore une fois, un extraordinaire espace de liberté et de création.
révolutionnaire car non soumis aux lois du marché.
à préserver.
le seul bémol est que pour avoir un blog il faut avoir un ordi, il faut être connecté il faut appartenir au monde des riches de l'humanité.
mais la littérature, depuis des siècles est elle aussi le fruit de la bourgeoisie.
Balmeyer,
C'est malin !
Didier,
Répondez à vos commentaires, diantre !
Mais que voulez-vous que je réponde, enfin ? Dorham et Céleste s'en tirent très bien sans moi, il me semble !
Et puis, si vous croyez que je me souviens encore du vague début d'idée que j'ai pu avoir en écrivant ce truc...
Aucune chance d'être lu parmi tous ses commentaires.
Ce post est un de ceux les plus justes qu'on ait pu écrire au sujet du blog. Et dieu sait s'il y en a eu ! Le thème du blog est le plus traité par ... les blogueurs !
Didier,
:))
Parapluie,
Mais si bien sûr que l'on vous lit ! Je vous remercie de votre visite... Ravie de votre enthousiasme !
Parapluie, c'est quelque chose que je ne manque jamais de lire. C'est excellent d'ailleurs. Je garde toujours un parapluie par la fin et les billets sous le parapluie, ils sont un peu secs. C'est dommage.
tu parles de l'homme-blogueur qu'en est il de la femme-blogueuse ?
Olympe,
Ce n'est pas moi qui parle, mais Didier Goux, blogueur notoire invité chez moi pour s'exprimer sur le sujet. L'homme est à prendre au sens large bien sûr...
salut,
tu dis dans ton texte que
"la cour de l’homme-au-blog le condamne à une représentation sans fin, au cirque éternel. Et le ver rongera sa peau comme un remords."
Tout cela est bien beau, et certainement vrai en partie. Mais il existe une différence de tailler entre la fiction et la réalité, qui n'apparait pas dans ton texte.
Personnellement, mon blog est un espace où je met ma pensée, brute souvent, toujours sincère. La représentation n'en fait que peu partie. Et la qualité du public m'intéresse plus que le nombre. Le blogueur n'est donc pas condamné à une "représentation". sans fin, ok (à part le jour où on crève). Mais représentation, pas forcément.
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