Le plafond

Préambule

J'aime bien inspirer des auteurs, susciter des débats, lancer des idées, partager des sujets. Comme j'ai pris l'habitude de le faire régulièrement, mon blog, tout en étant le même, ne me ressemblait plus vraiment. Les invités s'accumulaient, on ne voyait plus le papier peint ; j'ai donc décidé de faire de la place et de les coller au plafond.

Pour commencer, la rubrique Blogs et... va se poursuivre ici.
(Les anciens messages et la plupart de leurs commentaires ont été transférés ici)

Bienvenus et merci à tous les participants

dimanche 12 juillet 2009

Bloguer c'est bio, ou bien ?

Dimanche, jour de marché, nos journalistes sont partis enquêter... La première personne interrogée a tenu à nous rendre une réponse écrite, arguant que l'oral se prête mal à une réflexion intense. Allez, savoir pourquoi, il est revenu avec une photo de Jean-Luc Delarue et nous a demandé de la lui dédicacer... Son texte dénote un goût affirmé pour le romanesque. Les deux suivants s'apprêtaient à boire un verre au café du coin. Leur texte dénote un goût certain pour....
Puis, un passant s'est mêlé de la conversation.

*****

Ce matin, où tout semble bien se passer, je me heurte au coin de la rue à une jeune femme, tête en l’air et affublée d’un porte document à la Jean Luc Delarue. Au coin de la rue, un clone féminin de Delarue, c’est incongru, vous en conviendrez.

Je m’excuse poliment, l’aide à ramasser ses feuilles éparpillées sur le trottoir et en me relevant, je la reconnais. Fichtre ! Ce n’est pas Mme Delarue mais bien Mme De la Sexualité, herself : zoridae de son prénom !

Très étonné, je balbutie quelques mots incompréhensibles et elle, droite dans ses baskets roses, me propose de répondre à un micro-trottoir pour alimenter « le plafond » son blog-annexe. Ravi, j’accepte sa proposition.

Z : Votre prénom ?

A : αяf ! A, R, F, comme ça se prononce …

Z : Age ?

A : Mon âge ? Vieux ! 40 ans quoi

Madame Zoridae de la Sexualité me présente alors une petite moue m’intimant un « mais naaan !c’est pas vieux 40 ans ! » Mais elle ne dit mot..

A : Ce n’est pas vieux ?! C’est gentil …

Z : Votre profession Monsieur αяf

A : Blogueur et de façon dilettante, je travaille pour une société de cosmétiques.

Z : Très bien, alors pour vous Monsieur αяf , bloguer c’est bio ou bien ?

Nom de dieu, c’est quoi cette question ? Zoridae de la Sexualité n’est plus ce qu’elle était ; ça fait des ravages quand même de ne plus bloguer ou si peu. Tant de temps coupée de la blogosphère l’a fait dérailler. Elle n’est plus que l’ombre d’elle-même. Que faire ? Lui répondre et entrer dans son délire ou prendre le sujet à rebrousse poil et tenter une réponse approximative. Bon, pas de réflexion excessive, je me lance.

A : Bien, écoutez, pour ma part, bloguer peut s’avérer bio comme bien suivant les époques, le temps, l’espace et le taux de consommation de la betterave rouge. Je m’explique.

Il y a des périodes où étant fort enthousiaste, je consomme énormément de blogs pas toujours très digestes et d’origine plutôt douteuse. Certainement qu’au passage, je publie même quelques billets remplis de pesticides ou autres substances néfastes pour la santé et l’environnement. Je ne compte pas non plus les matériaux improbables utilisés dans les mots absorbés ni les corps gras véhiculés par les photos publiées. Je suis dans ces moments là, un hyper-consommateur d’informations blogguiennes et ne fais guère attention à l’origine des denrées scripturales ingérées. Je vous l’accorde, ce n’est pas très raisonnable. C’est mon coté « ou bien » voire « pas bien »

Parfois, plus calme et avec un taux de stress diminué par la chaleur des beaux jours, je me pose sur des pages plus clémentes qui semblent avoir été construites en matériaux recyclables. Je goûte alors, avec ravissement, à des mots raffinés ; certains paraissent mêmes artisanaux, presque roulés sous les aisselles. Estampillés Max Havelaar, certains blogs, en résines de pins véritables, sentent presque le thym et la farigoulette. Je me promène alors en toute quiétude, certain du bien fait et de l’appellation d’origine contrôlée des mots et échanges employés. C’est frais, c’est gai, cela ne mange pas de pain et n’attaque point la religion. Un vrai bonheur. Mais alors attention, lorsque je suis dans ces contrées, toujours je m’assure de la véracité de leur présentation bio. Je suis toujours le lien qui m’emmène sur le « à propos de » ou le « Qui suis-je ? » afin de m’assurer de la provenance exact du blog. Il ne s’agirait pas non plus de tromper le consommateur avec du blogueur estampillé bio qui s’avérerait être un parfait citadin importateur de mots venus de Taiwan, ou d’autres pays favorisant le travail des enfants. Toutes les vérifications faites, je me fais un plaisir de commenter en saluant l’authenticité et le bienfait des produits culturels self made présentés et me retire dans mes tranchées rupestres. Ceci est mon côté « bio nature »

Z : Euh… Monsieur αяf, vous semblez confondre bio, écologie, travail clandestin, commerce équitable et problèmes envirommentaux généraux, non ?

A : Ah oui, peut être, mais sinon, vous le connaissez à Monsieur Delarue. Non, parce que j’aimerais bien assister à une de ces émissions culturelles là. Vous savez « Toute une histoire » ou même « Ca se discute » ? Vous n’aimez pas vous les betteraves rouges ?

Z : Oui mais non, je ne le connais pas. Les betteraves ? si, si ! Merci Monsieur αяf pour avoir répondu à mon micro-trottoir. Au revoir !

*****
Desiderio Gusto, 53 ans, écrivain de couleur et en bâtiment.

« Mon ami, votre question me prend un peu au mauvais moment, car je déteste parler pendant que mon chien pisse : ça le perturbe et il rate le caniveau. Mais enfin, puisque le mal est fait...

« Bloguer n'est ni bio – puisque ce n'est pas naturel – ni bien, car ce qui est bien c'est d'écrire. Or, bloguer est mieux qu'écrire, dans la mesure où c'est beaucoup plus moderne et surtout plus convivial. C'est d'ailleurs à ce point que surgissent les questions réellement intéressantes, sous-tendues par la vôtre.

« Ainsi, le mieux étant l'ennemi du bien, doit-on en déduire que le blogage va détruite l'écriture ? Autre chose : toujours considérant que le mieux est l'ennemi du bien, est-on autorisé à penser que le myo est l'ennemi du bio ? Et devra-t-on alors regarder les amateurs de bio comme des myopathes ? Leur organiser des blogotons ?

« Si, à l'inverse, le bio est bel et bien bieau, le blog peut-il être autre chose que vaste blague ?

« Vous le voyez, mon jeune ami : ce que vous avez fait, ce n'est pas poser une question, mais entrouvrir un abîme. Dans lequel, foutu salopard, mon pauvre chien vient de disparaître ! »

*****
Nicolas, 43 ans, cadre.

"Non. Je suis catégorique : non. Bloguer nécessite d’aller au bistro pour obtenir des analyses politiques ou des anecdotes vaudevillesques. Or, au bistro, on boit de la bière produite par des industriels à un point où on se demande si les céréales utilisées pour la fermentation ne sont pas transgéniques. En outre, la plupart des billets ne sont pas recyclables sauf pour dénoncer la politique du gouvernement ou les conneries du vieux Jacques."

*****

Frédéric M., 62 ans, acteur, scénariste, animateur de télévision, écrivain, producteur et réalisateur de documentaires et de films de cinéma français.

"Bloguer ? C'est quoi ?"

mercredi 11 mars 2009

Le Sacrifice du Pilon

[Parfois, on a ses faiblesses on cède aux sollicitations. Contrairement à mon habitude, je me permets d'évoquer la difficulté pour qu'émergent certaines productions. Cela fait des semaines que nous sommes en discussion avec Marcelo. Aussi passionnant que de récupérer le chewing gum déjà mâché de la voisine.

J'ai essayé de l'aider à progresser. Ses chapelets d'adjectifs, insupportable ! Ses personnages de reality show, leurs prouesses - je vous passe les détails - tout cet exhibitionnisme en face duquel le lecteur peine à trouver sa place. Là encore, j'ai encouragé Marcelo qui a bien voulu perpétrer un holocauste salvateur. On y voyait un peu plus clair dans ses intentions.

Restaient quelques longueurs. Lorsque Marcelo a réclamé la traduction en plusieurs langues, j'ai fini par exploser. Me voilà préfacière. Zut !]

[Contribution de Marcelo Teneboroso]


Le Sacrifice du Pilon

Séduit par la beauté de l'écriture du plus grand blogueur du périphérique Marcelo Teneboroso, Antonio del Gaudimar, le célèbre éditeur, lui proposa d'écrire un livre. Il souhaitait que l'ouvrage exprimât la fulgurance de l'écriture bloguesque. C'était un vendredi 13.

Le samedi, il accepta. Le dimanche, il l'écrivit, d'un long jet. A l'heure de la fermeture des PMU, il était universellement téléchargeable. Le lundi, il était oublié.

Photo : Odderick Garcia

mercredi 4 mars 2009

Nouvelle Star (des blogs)

[Contribution d'Emilio Boronali]

- Euh ... Bonchouurrr ...
- Bonjour ! Alors, tu t’appelles comment ?
- Moi c’est Maxoudu9-3, j’ai 17 ans et j’viens d’Skaïblog-euh ! ! La Classe-euh !
- Super et qu’est que tu nous a écrit comme billet ?
- Ben ça s’appelle-euh “Wech Wech la Poliss !” euh !
- Tout un programme ! Et bien nous t’écoutons !
- Hein ... Hein ... Mes keums é moi on sé di fô kssa gliss ! On est parti yo Métropoliss ! On voulé fair le concour de Tektoniss (euh ça cé pour la rime-euh !) Mé le portié il a di fokon déguerpiss sinon il allé apelé la poliss ! Wech Wech ! Et pi ...
- STOOOOOP !
- André, un commentaire ?
- Oui, les jeunes ! Il faut que cela cesse ! Il serait temps d’arrêter de considérer la langue française comme une clocharde épileptique qu’on massacre pour le plaisir à l’instar de Malcolm Mac Dowell dans Orange Mécanique ! Ca m’insupporte au Xième degré ! C’est un non franc et massif !
- Wanda ?
- Tout pareil que Dédé, c’est non !
- Philippe ?
- Euh ! Non ! Forcément Non !
- Et moi de même, tu repars donc avec 4 non ! Merci d’être venu ! Candidat suivant !

- Mademoiselle bonjour !
- Bonjour ! hi hi hi !
- Alors prénom âge etc ...
- Alors moi, c’est Marcelline, j’ai 29 ans et je viens de “Cassolettes en Goguette” chez Hautetfort !
- C’est mignon ! Et tu nous a composé ?
- "Macaron à l’eau de rose et épices" !
- Hmmm ! Nous en avons déjà l’eau à la bouche ! C’est à toi !
- C’est parti ! Alors aujourd’hui, petit régal à petit prix ! Macaron à l’eau de rose et épices ! Commençons par l’appareil. Dans une casserole fait chauffer 25 cl d’eau. A ébullition rajouter 120 grammes de sucre blanc. Quand le caramel prend, verser quelques goûts d’hydrolat de rose, une pincée de canelle et un grain de poivre de Sichuan finement moulu. Les plus téméraires pourront compléter avec un soupçon de paprika ...
- Pfff ! ! ! ! Hop hop hop mamzelle ! Merci ! C’est plan-plan ! Franchement c’est cucul-la-pralineuh !
- Mais enfin Philippe ! J’aimais bien moi ! Ca partait bien !
- Merde Wanda ! C’est plein d’chichi ! déjà elle attaque le caramel au sucre blanc, merdeuh ! Elle peut pas nous le faire au sirop d’agave ? Et pis gnagna gnagna canelle et paprika ... C’est quoi ce travail ! D’la badiane ! D’l’agastach-euh ! Faut qu’ça swingue mademoiselle-euh ! C’est plat là ...
- Enfin, tu es dur Philippe ! J’avais envie d’écouter la préparation de la pâte !
- Oh André ! J’te file mon billet qu’elle allait nous sortir d’la farine de blé T80 de base quoi ! non non et non !
- Bon ben ... Sinclair ?
- Moi, les macarons, ça m’gave !
- Wanda ?
- Un p’tit oui quand même pour t’encourager, parce que je suis gourmande ...
- Bon Marcelline, désolé ... Une autre fois peut-être ? candidat suivant !

- Salut à tous !
- Bonjour à toi alors présente-toi !
- Alors moi, c’est Sylvain alias Twitterhacker, j’ai 21 ans je suis en Sup’de Co et je tiens deuxpointzeronewsandbiz chez typepad !
- Super ! Twiti ! Et tu nous a concoté ?
- Ben très sobrement, ça s’intitule “Ze Nokiola ZP 963i !”
- Lance-toi !
- Le Nokiola ZP 963i c’est tout simplement une bombe technologique dans votre poche ! GPS intégré, technologie 3G+ tribande à automodulation renforcée, caméra 48 millions de pixel zoom fois 36, carte mémoire 84 giga, radio et bien sûr navigation internet avec l’interface Maîcrokos “Pocketpissi” ! dès la prise en main tout est intuitif ! reconnaissance podométrique sur le capot arrière pour débloque le monstre, suivi d’une reoconnaissance vocale avec ouverture du profil utilisateur ! l’écran rétroéclairé vous présentera alors l’ensemble des options depuis les réglages fond d’écran/sonnerie/horloge jusqu’à la suite bureautique Starlite SturmOffice !
- Oh ! Là ! Respire ! Reprends ton souffle là ! tu vas t’étouffer ! !
- Dis don’ c’est vraiment la patate ! Une vraie mitraillette !
- Sinclair, tu commences ?
- Euh ouiiiiiii .... Bon Sylvain ... Le Nokiola, est-ce que tu l’as eu en main ?
- Ben non, en fait, j’ai pas encore assez de trafic pour qu’on me prête les produits en fait ...
- C’est là où ça pêche Sylvain. Ca se sent qu’il y a aucun vécu ! Y’a pas l’émotion de la découverte, le contact physique avec l’appareil ... Et ça, à la rigueur, tu pourrais le simuler, mais tu n’y arrives pas ... tu passes à côté. Pour moi, c’est non, je suis désolé ...
- Wanda ?
- Oh ben moi, la techno, c’est pas ma tasse de thé ... C’est non !
- Philou ?
- Non non et non ! Tant qu’y aura pas de Bakélite dans vos engins, j’en voudrai pas !
- allez 4 non ! Candidat suivant !


- Bonjour jury ... Je m’appelle Emilie, j’ai 23 ans et je viens de Juvisy ...
- Bonjour Emilie ! Et ton blog, il s’appelle ...
- “Intimes Apartés” ...
- On dirait presque un titre de Gainsbourg ... A toi !

(silence)

- Je suis repartie calme et digne à la sortie de l’enterrement de notre amour. Enfin de mon amour pour toi. Le tien … oui le tien, où donc était-il pendant tout ce temps ? Toi qui m’a exécuté de la balle qu’on réserve aux condamnées de l’amour. Même pas tirée en plein coeur, mais directement dans la nuque pour que l’âme tombe face à terre. Mon amour mort, il me restera cette longue cicatrice qui me rappellera combien j’ai aimé ton être. Car oui, j’ai aimé ton corps si massif. J’ai aimé ton large torse. J’ai adulé ton sexe si beau et naturel. J’ai aimé mes mains sur toi, tes mains sur moi, toi sur moi et l’inverse. Cela m’a épuisé d’aimer ainsi ton être, mais quelle délicate faiblesse, enivrante. La petite mort dans tes bras … Plus jamais. Tant pis, va.

(silence)

- Wanda, tu ... tu ... Ah tu pleures ! Ben alors Philippe, un mot ?
- Elle m’a tué cette gamine ! Franchement elle est toute petite toute menue et là, c’est l’uppercut ! Donnez-lui du whisky et on en fera la nouvelle Janis Joplin ! ! Moi, c’est oui !
- Bien ... André ?
- Mademoiselle, le grand poête Jal Al Din Rumi a écrit “Je suis arrivé dans un désert où l'amour apparaît.” et je suis certain qu’il pensait à vous ... très beau texte, encore un peu maladroit, une certaine véhémence juvénile. Mais très beau ! Pour moi, c’est oui !
- Wanda ?
- Alalalalalalalalala, Emilie ! Là tu m’as fait chaud au coeur ! J’en ai des pleines bouffées ! Tu m’as touchée grave ! Alalalalalala ! Oui, oui et oui !
- Et bien Emilie avec moi, ça fera 4 oui ! ! Bravo ! Tu viens de gagner ton pass VIP pour LeWeb 09, dont le thème est cette année, rappelons-le, “T’as pas cent balles ?” Félicitations à toi !

Illustration copyright Eboy.

mercredi 11 février 2009

Tracas et plaisirs du blogueur

[Contribution de Charlemagnet]

Lorsqu'on passe dans un bois et que l'on aperçoit quelques fourmis, on est loin d'imaginer l'importance de leur communauté, leurs règles de vie ou leur mode de fonctionnement.

Et bien j'ai eu cette impression lorsque j'ai débarqué dans la blogosphère l'an passé, un peu par hasard je dois bien le dire.
J'étais en fait tranquillement en train de faire une recherche sur un moteur de recherche célébre pour ses 2 OO accolés, lorsque j'ai atterri sur un blog.
Incroyable..quelle vie...!
Alors que de nombreux confrères continuent de penser qu'ils ont la science infuse, et que leurs propos, si "empreints d'intelligence", seront cités dans toutes les écoles de journalisme dans un siècle, j'ai découvert des espaces forts bien faits où les citoyens lambda- là je reprends sciemment le terme journalistique parisianiste en vogue- parlent d'un nombre incroyable de choses... et de façon très lisible.
J'ai appris des tas de choses, qui n'ont rien à voir avec les bêtises alignées sur les blogs des journaux, qui sont en fin de compte les nouveaux cafés du commerce. Et en pire car l'anonymat permet des lâchetés verbales bien pratiques pour certains forts en gueule mais faibles en rhétorique.
Et donc depuis ce jour où j'ai débarqué sur cette planète, je ne suis plus reparti...

Dans un premier temps, j'ai fait un peu le tour de ces micros-sociétés afin de trouver un endroit où je me sentirais à mon aise.

Le sport? bof... trop technique et comme j'en fais peu à part quelques footings...
Le cinéma? non! trop prise de tête...
La mode? mouais.. joli... mais trop pointu, nombriliste et féminin...
Le sexe? carrément sans limites... mais moi j'en ai, alors tchao...
La vie au quotidien? avec ses plaisirs et ses tracas... nombreux et variés... voilà ça y est... j'avais trouvé chaussure à mon pied.
Une chaussure qui finalement me va bien puisque depuis j'ai rajouté l'autre pied avec celle des blogs littéraires... Trop forts! Et si planants à mon sens... lorsque je suis plongé dedans, tout peut arriver à mes côtés... un avion pourrait s'écraser... un train pourrait dérailler.. une manif' pourrait dégénérer... rien ne me perturbe... je suis ailleurs... dans la pensée de celui qui a écrit... waouhhhh... quel plaisir intellectuel...

Dans un second temps, j'ai observé les us et coutumes, beaucoup lu avant de me jeter à l'eau et de laisser mon premier commentaire.....
(Arrrggghhhh.... super dur à faire en fait....le 1er commentaire... pire qu'un premier baiser...
Alors quand j'ai tapé quelques mots en lien avec un billet, j'ai eu l'impression d'avoir une multitude de caméras braqués au dessus de mon écran qui m'observaient... et en plus j'étais rouge.. tout rouge de honte... alors que finalement... cela était indolore... la boulangère de mon quartier n'a jamais su que c'était moi Charlemagnet qui avait écrit cette comm' si pesée, si tournée 10 fois dans mon esprit avant d'atterrir sur mon écran... mon voisin de palier n'a jamais su que c'était moi non plus... bref j'ai survécu...
Le blogueur a répondu à mon message fort sympathiquement et c'est à ce moment là que le petit train de la blogo-addiction est parti... pour un voyage sans fin...
J'en ai parlé à quelques amis fort bien documentés sur la chose en général et sur les blogs en particulier, et ceux-ci m'ont encouragé à ouvrir mon espace. Avec tout ce que j'avais à raconter... je pouvais largement remplir des centaines de billets....
Il ne restait plus qu'à trouver un axe de rédaction...
Cela n'a pas été long étant donné que j'ai une vie assez agitée à tous niveaux...
Mais ne souhaitant pas finalement, comme beaucoup d'autres, dévoiler mon identité (car ma place j'y tiens et ils sont nombreux à la vouloir...) j'ai décidé de laisser un voile de secret sur les choses...

Et c'est le mieux finalement vu les tracas et les plaisirs que cela engendre...
Et oui j'y reviens à ces tracas et plaisirs... Je n'ai pas oublié le sujet de cette introspection.
comme dans la vie réelle, la vie de blogueur a donc son lot de choses négatives et positives.

D'abord les tracas.

Et bien ils sont quand même légions ces petits moustiques qui viennent me piquer dans le cou lorsque je suis sans défense.

Je peux citer par exemple les remarques acerbes.
Sur un détail assez insignifiant du texte. "Pourquoi conduis-tu une Mini? c'est pour les femmes ça!!" ou bien "elle est trop vieille pour toi cette Bertille" ou encore "comment fais-tu pour écrire un post allongé dans un lit dans un hôpital?". J'en profite donc pour faire une mise au point sur mon travail. J'aime bien quand un texte est bien ciselé, bien charpenté et bien étoffé. Rien n'est jamais laissé au hasard. Tous les détails écrits servent à l'histoire. Ils ne sont pas là pour décorer. J'ai bien l'impression que tout à chacun à oublier la notion de lecture. Il ne faut pas survoler un texte. Il faut le lire attentivement, s'en imprégner. Alors tout coule, tout roule... tout s'éclaire. Je passe un certain temps à reconstruire mes faits de vie. Alors prenez quelques instants de plus pour déguster le récit et tremper les mots dans votre tasse de café comme un délicieux gâteau.

Je peux également parler du stress de la page blanche.
C'est terrible cette peur de ne pas réussir à aligner la première phrase du texte. L'amorce. Celle qui doit amener le lecteur - en fait pour moi c'est plutôt la lectrice à 95%- à poursuivre sa découverte..
Et bien parfois je n'ai plus d'inspirations... je n'y arrive pas... j'aimerais bien vous conter une anecdote sur ma première cuite ou ma perte de virginité mais je suis totalement bloqué sur mon clavier... rien... ou plutôt oui ... des phrases sont bien alignées... mais c'est creux... fade... on croirait un compte-rendu écrit de kermesse dans un quotidien régional ou une "envolée lyrique" vraiment basique d'un baveux d'une chaîne télévisée qui nous ressort pour la énième fois son scénario avec ses jeux de mots à trois balles..
Alors dans ces cas, je fais abstinence... je n'écris pas... et le stress monte... et je dors peu la nuit... car je n'ai pas envie de vous dévoiler une page blanche au petit matin lorsque vous allez vous connecter sur "ma vie secrète...". Quels tourments!! alors que je ne devrais sans doute pas...

Je peux aussi vous entretenir de la difficulté à revivre certains moments pénibles de mon existence.
Les scènes d'amour, c'est bien pratique. C'est beau, c'est bon, c'est chaud... et tout le monde apprécie - ah... si j'ai mes stats... et mes mails privés... vous aimez cela...
Mais les ruptures c'est terrible! il ne s'agit pas d'une chose insignifiante pour moi. Cela a pu être un moment terrible lorsque j'aimais encore cette femme et qu'elle m'a quitté en claquant la porte... Cela a pu être horrible lorsque j'ai perdu cette femme à cause d'un accident de la vie... Oui je parle de toi Caroline, disparue lors du tsunami... Et que dire des petites choses comme les disputes, les moments trop rares avec mon fils.... bref je souffre... pensez-y...!

Pas facile, vraiment pas facile d'affronter une seconde fois avec son ordinateur les mots relatant ces instants... que je préfèrerais oublier... mais bon... il faut bien tout raconter... tracas et plaisirs...

Les plaisirs....

Aaahhhhhh.... mes choses préférées.... et les vôtres aussi par ricochet...parce que sur ce sujet, je dois dire que je suis loin de vos attentes.
Je ne pensais pas initialement que raconter la vie d'une relation amoureuse vous plairait autant et vous amènerait, soit offciellement soit plus discrètement, à vouloir en savoir un peu plus...
A l'école, nous avons été initié aux mathématiques ou au français, qui sont des matières bien précises, constitués de règles à respecter, parfois peu évidentes au premier abord.
Sur mon blog, vous avez voulu que je vous initie à ma planète amoureuse.
Vous souhaitiez savoir ce qu'il y a dans le cerveau d'un homme lorsqu'il rencontre quelqu'un qui lui plaît.
Que je vous raconte tout.

Alors je vous ai parlé entre autres de Marie, Elsa, Bertille ou sa fille Aliénor, Marie et Sabine ou Luana.... J'ai brièvement abordé Caroline, trop tôt et si brutalement arrachée à la vie...
Mais je ne vous ai pas encore parlé des autres... Celles que j'ai rencontrées au hasard de la vie et de mes voyages et qui ont partagé quelques jours ou quelques semaines de mon existence...
Car je garde tout en mémoire... je n'en oublie aucune... cela a souvent été bien ou moins bien avec elles mais on ne peut annihiler ces premiers instants magiques où l'on sent que l'autre dégage quelque chose qui nous attire et que cet attrait est partagé... les premiers instants d'une relation... les plus beaux et les plus magiques...
Bref vous racontez toutes mes petites histoires de coeur est, je dois le dire, assez plaisant.
Et comme vous l'avez remarqué, je conserve toujours une certaine pudeur à évoquer cela.
Je ne conçois aucunement cette retranscription par la vulgarité. Tel n'est pas mon style. Je préfère des mots plus neutres à des expressions grossières qui ne font pas partie de mon éducation et que je laisse volontiers aux autres sur leurs blogs.
Je suis loin d'être novice en la matière, j'ai l'esprit très conciliant mais je ne suis pas un pornocrate ni un exhibitionniste. Beurk....

Un des autres plaisirs à la blog-attitude est, en ce qui me concerne, la possiblité de discuter avec ses lecteurs, enfin plutôt des lectrices en ce qui me concerne.
Cette intéraction est vraiment une super-idée.
On réfléchit à un sujet, on écrit un article, on le poste et on attend au bord du lac. Comme un pêcheur attend que cela ferre. Tout en rêvassant à ce que vos propos vont immanquablement entraîner comme réactions d'indignation ou d'approbation. Ou en essayant de trouver où vous allez encore m'emmener avec vos extrapolations.
Je remonte donc ma ligne de commentaires de temps en temps, et j'adore.
Je n'ai pas cette possiblité par le biais de mes activités professionnelles. On me commande un article, je l'écris et basta... je ne m'occupe pas de son S.A.V.
Et cela est bien dommage à mon avis.
Remarquez je n'attends pas spécialement de réactions lorsque j'explique la floraison et la spécifcité de l'arbre à papillons ou lorsque je décris par le détail 10 jours de marche avec les guérilléros d'un pays d'Amérique du Sud...
Répondre à vos commentaires, c'est un peu comme discuter avec des amis autour d'un thé dans un salon du dernier livre lu ou film visionné. Chacun a des arguments, les expose, et on débat inlassablement. Très intéressant...

Enfin, et pour terminer, gérer un blog me permet aussi d'assouvir ma passion de l'écriture.
J'écris beaucoup déjà. Mais cela ne me suffisait pas.
J'ai donc surenchéri avec ces petites histoires secrètes qui vous détaillent les mille et une chose de ma vie...
Et ça vraiment c'est un plaisir évident car très personnel. On peut y infuser ses sentiments, ses idées... On est son propre rédacteur en chef et son propre censeur...
Personne n'a rien à me dicter en la matière. Je fais ce que je veux et comme je veux... C'est vraiment le dernier espace de liberté...Car la liberté est avant tout spirituelle, pas matérielle.
Le vrai luxe ce sont les mots, pas l'étalage de ses biens. Et moi tout cela me suffit amplement...
J'apprécie aussi beaucoup de collaborer avec d'autres blogueurs. Ce que j'ai fait début janvier en conviant 4 d'entre eux (Monsieur+, Ysa, M'ame Scoffield et Louise) à écrire sur mon blog. J'aime l'échange des mots.
Et voir les autres écrire sur son propre "petit monde " est très intéressant et hyper plaisant. Cette expérience sera refaite à l'avenir car vraiment c'est une porte ouverte sur de nouvelles évasions.
Comme écrire ici aujourd'hui, et à la demande de mon hôte... J'adore...
Et je suis prêt à le refaire...

Finalement, bloguer c'est comme explorer d'autres fourmilières, des mondes parallèles où la vie existe aussi et mérite d'être éclairée et reconnue.

mercredi 4 février 2009

Au bout du blog… pas de plage.

[Contribution de Didier Goux]


Un blog c’est une tentation et un filet ; un ersatz aboutissant à un mur, ou encore à un labyrinthe. La tentation d’écrire, la certitude que l’on va maîtriser l’instrument, lui à notre service et nous régnant.

Rapidement, la tentation se fait impératif et c’est là que le blogueur commence à sentir les mailles rêches du filet s’imprimer sur son dos, tels les verges et les fouets sur celui de saint Paul. Il faut continuer, il le doit et se le doit, du moins s’en persuade-t-il ; chaque matin, la vision de la page d’hier s’affichant à l’écran lui est un peu plus douloureuse, un reproche lumineux. Une date qui reste vide au calendrier des archives, et le voilà qui s’agite, convulsionne, frénétise : du texte, il faut du texte… Sinon, que vont penser les Autres ? Les tapis, les embusqués, les dans-l’ombre ?

Donc le blogueur écrit. Son illusion de maîtrise s’est dissipée sans qu’il s’en aperçoive, et de toute façon peu lui chaut. Il faut écrire, tout fait ventre. D’abord les phrases qui lui passent par la tête, puis celles qui n’y passent même pas, avant de finir par cajoler le vide en pleurnichant de vertige. Il est pris dans le filet, seuls les doigts bougent encore ; mais de plus en plus gourds.

Et le blogueur ruse, s’essaie aux stratégies de contournement, aux manœuvres d’auto-diversion : ce qu’il n’a pas le temps ni la force d’accomplir ailleurs, eh bien ! il le consignera ici même. En l’absence de livre, le blog servira de succédané. Sera son succès damné.

Car assez vite le mur est devant lui, très haut. Dépourvu de poternes et de pont-levis mais pas toujours de meurtrières. C’est un mur luminescent et immatériel, pas franchissable pour cela. On peut le taguer à la rigueur, pour amuser la galerie, mais il est impossible d’y écrire – ce n’est même pas un mur des Lamentations ; celui des reniflements dépités et faussement dédaigneux à la rigueur, mais pas plus.

On raconte que certains blogueurs, pas mieux partis que les autres pourtant, sont parvenus à contourner le mur ; ou à creuser dessous des galeries, on ne sait trop. Mais on dit aussi que, de l’autre côté, commence le labyrinthe où on ne peut faire autrement que de s’engager. Il est toujours plus lumineux à mesure qu’on en explore les ramifications, mais il n’y survient jamais aucun événement et toutes les sources d’inspiration trop visibles ont été soigneusement balayées ; si on n’y souffre pas de la faim ni de la soif, on n’y trouve rien à écrire. Pourtant, il faut bien tenir à jour le calendrier, alimenter les libellés, faire disparaître la page d’hier.

Alors on continue.


Photo : Catherine Goux

mercredi 28 janvier 2009

Bloguer à la campagne

[Contribution de Patrick Fort]

Je n’habite pas sur une autre planète.

Je n’aime pas les villes tout simplement.

Tout y est trop grand, trop froid, trop anonyme.

Je m’y sens à l’étroit, j’y étouffe et j’ai besoin d’air pour vivre.


Ici, je suis plus dans mon élément.

J’ai passé ma journée à arpenter la forêt, à deviner ses mille bruissements mystérieux, à délimiter encore et encore les frontières fragiles de mon espace vital.

J’ai nourri mon paysage mental de ces couleurs multiples que la clarté modifie à longueur de journée et qui permet à toutes ces images intériorisées de ne pas s’abandonner dans la monotonie monochrome.

J’ai épuisé mon corps à grand renfort d’errances improbables, me perdant délibérément dans des détours pour ne pas retrouver mon chemin. J’ai malmené et violenté ce corps pour ce qu’il se sente enfin vivre.

Puis j’ai fini par rentrer.

A travers les carreaux de la fenêtre, j’ai fixé la montagne pour retracer les contours de cette escapade, prenant soin de ne rien noter pour ne rien défigurer.

Les bûches dans la cheminée rougeoyaient et le bois mort crépitait.

A regret, j’ai alors allumé mon ordinateur pour me reconnecter avec le vaste monde du dehors. Comme vous.

D’un simple clic de souris, j’ai rejoint ce carnaval virtuel mais pourtant bien vivant, qui se répète à l’infini, d’un blog à un autre.

Je ne me sens pas à mon aise dans la blogosphère mais j’y reviens toujours.

Je ne supporte pas ses codes de bienséance omniprésents.

Cette hypocrisie latente. Souvent.

Cette foire aux bons mots. Parfois.

Mais je m’accommode de ce jeu de rôles : j’y participe et j’en ris.

Malgré moi. Souvent. Parfois. La plupart du temps. Toujours ?


« N’oublie pas que tu m’as promis une chronique » m’écrivait Zoridae, « pour toi, j’ai pensé à Bloguer à la campagne ».

Le temps a passé et comme je n’aime pas me presser, j’ai traîné.

Et puis, pour tout vous avouer, j’ai en horreur le mot « blog », ses sonorités hideuses qui écorchent le mot « campagne » et rendent ces deux substantifs antynomiques.

La modernité éphémère de l’un qui se dilue dans le confort de la masse ; le passéisme enraciné de l’autre qui s’évertue à perdurer.

J’ai musardé de nombreuses journées avant de me décider enfin à écrire ce billet promis.

Mais toujours cette interrogation courtisant l’obsessionnel :

Existe-t-il une différence si manifeste entre un citadin accro au bitume et à la foule et un campagnard avide de nature et de solitude ?

En quoi ma qualité de « blogueur des champs » se différencierait-t-elle de celle d’un « blogueur des villes » ? Dois-je énumérer tous ces évènements insignifiants voire banals - pour vous peut-être – et qui rythment et enrichissent la quintessence de mes journées ? Tout en prenant soin de ne pas omettre la touche bucolique de circonstance pour « faire vrai » ; tout en prenant soin de peindre les massifs montagneux enneigés et écrasés de beauté ; tout en prenant soin d’évoquer le silence magique des arbres ; tout en prenant soin de dessiner les courbes sensuelles du lit des rivières…

Le risque du cliché n’est jamais loin mais la sincérité perce toujours derrière les mots maladroits, quitte à ce qu’on les oublie un jour. Peut-être.

J’ai fini par comprendre cette évidence là : « bloguer à la campagne » ou « bloguer à la ville » ne sont dans le fonds guère dissemblables.

Ecouter le monde « ici » ou « là-bas » ne vous met jamais à l’abri de sa douleur, de sa discordance et de son fracas.

Mais « Ici », j’ai le temps.

Mais « Ici », j’ai appris à l’apprivoiser.

Mais « Ici », j’ai surtout le paysage en plus.

mercredi 21 janvier 2009

Frequently Asked Question

[Contribution Roger Accroid]

Je dois vous parler d'une maison de retraite, la mienne. Tout remonte à ce jour où des intervenants passèrent animer un atelier consacré aux nouvelles technologies. Auquel je participai. Pétri d'inquiétude. On nous montra comment faire glisser la souris, où était le pointeur. Juste au-dessus de mes lunettes la plupart du temps. Comment il fallait entrer. Se quitter. C'est ainsi que cela commença.

Les animations durèrent quelques semaines. Avec d'autres résidents mordus, on monta un dossier pour installer une "salle multimédia". On était deux. La dotation comportait un ordinateur. Mon jeune camarade (77 ans) à la souris, moi au clavier. Opéré du canal carpien, j'avais peu de souplesse : je tapais avec les pouces...

Je voulus avoir le mien. Cela déclencha une vague d'hostilité.

"Et comment je fais pour le ménage, moi !"

"C'est n'est pas vous qui allez vous en servir quand même !"

Voilà qu'on me brandissait le règlement intérieur. On me menaçait du médecin et du cimetière. Ce n'était pas bon pour moi. Il fallait commencer à être raisonnable. Je tenais bon. Ma liaison avec la machine fut d'abord plutôt platonique. Nous ne manifestions que peu d'exigence l'un envers l'autre. Puis, la vie commune s'installa émaillée de crises violentes. "Le système a quitté inopinément". Les invectives fusaient parfois "Error 32418". L'angoisse des débuts refaisait surface. "Virus alert !" Le bonheur avait pris le dessus entre l'ordinateur et moi : on pouvait véritablement dire que notre unité était centrale.

J’avais atteint un niveau de compétence qui permit à Rosetta, mon arrière-petite nièce , de me conseiller. Grâce à elle, j’eus enfin mon espace personnel, un blog disait-elle. Mot valise, je finis par l’apprendre qui me convenait puisqu’il prenait le dernier wagon du web et le premier du log ; un billot donc sur lequel j’allais déposer ma tête. Certes, ce n’étaient pas le bois mort qui me manquait pour oeuvrer. Je voulais publier une photo de Rosetta, premier défi. Toute la famille y passa. Je voulus aller plus loin, publier une vidéo. Ce fut Le Noël des Toujours Verts - du nom de l’institution qui nous héberge puis La Cérémonie des Voeux aux Toujours Verts. Je fis un tabac chez mon alter ego avec un billet en forme de petit guide intitulé “L’indispensable pour les vieilles branches accro”. Puis ce fut “Total respect pour l’e-senior” qui donna une véritable audience au blog. Chaque difficulté m’obligeait à retourner à la faq pour trouver la fameuse question dont vous cherchez désespérément la réponse. Fâcheuse métaphysique.

Question fréquemment posée aussi par mon entourage : Roger, peux-tu te passer de ton ordinateur cinq minutes ? Comment me passer de ce petit frisson en forme de bouteille à la mer ?

Le blog faisait un tabac, c’était la fièvre. Il fallait publier, un bruit de rotative m'occupait le cerveau. “Comment fumer en cachette en maison de retraite ?” suscita la colère. “La mort à découvert” qui proposait quelques conseils sur l’inhumation suscita une pluie de commentaires. “Dernière note”, un billet qui expliquait comment rédiger ses dispositions testamentaires divisa profondément ma communauté. “Roulez des pelles avec un dentier” provoqua un schisme. Ce fut réellement un gâchis puisque je me contentais de dénoncer certains stéréotypes véhiculés par la publicité.

Puis j’eus envie de rédiger mon dernier billet, c’est un peu théâtral, un peu adolescent mais j’avais envie de renaître.

Rosetta connaissait Zoridae. Par son intermédiaire, j'ai demandé s'il était envisageable de publier cette lettre. Entre temps, pardonnez l'aspect macabre de la situation mais mes obsèques ont été célébrées. J'ai été plus ou moins forcé d'y participer. Pendant quelques temps, je n'ai guère goûté aux joies de la micro-informatique.

C'est un macchabée qui caresse le clavier. Ici, les règles sont drastiques : pas de blogs. Pourtant, soyez sûrs que tout le monde se délecte de vos commentaires.

Votre dévoué,

Roger Accroid